Depuis l’émergence d’Internet, du haut débit et des plate-formes de diffusion de vidéos, les courts-métrages sortent de leurs espaces réservés.

Ils ne sont ainsi plus cantonnés aux festivals, aux écoles ou aux rares espaces de diffusion...
Internet permet ainsi à tout réalisateur un tant soit peu inventif (et talentueux) de partager ses créations, et de pouvoir se faire remarquer.

Par ailleurs, les ordinateurs modernes, les applications audio-visuelles récentes, les appareils de prise de vues et les nouvelles technologies permettent aujourd’hui de pouvoir s’exprimer sans grand budget et assez facilement ; si le réalisateur sait tout de même manier quelques outils graphiques.

L’animation permet ainsi de faire appel successivement à la poésie, au fantastique, à la mélancolie, à l’humour ou encore à l’action en fonction du type de graphismes adoptés, le tout dans le but de faire voyager le spectateur dans un univers propre parfois onirique, parfois « trash », mais toujours unique et particulier.

Voici donc 15 court-métrages animés, certains reconnus, d’autres moins.
Dans tous les cas, tous valent d’être visionnés !

 Paper Man

Ce court-métrage de Disney, projeté avant Les Mondes de Ralph au cinéma, raconte l’histoire d’un homme qui croise une femme dans une grande ville et cherche à la retrouver... Quand il réalise qu’elle travaille dans l’immeuble en face du sien !

Réalisé par John Kahrs, animateur chez Disney, Paperman a reçu l’oscar du meilleur court-métrage d’animation en février 2013.
Rien d’étonnant pour ce film presque exclusivement en noir et blanc, et très... émouvant.

 Paper War

De papier il est toujours question ici...
Et si les personnages dessinés quelques secondes dans les marges d’un cahier de texte ou sur un vieux post-it prenaient vie ?
C’est le postulat de départ de Paper War, réalisé par Zhe Zhang.
À cette idée, rajoutez deux mâles un brin macho et une demoiselle aguichante... et la course est lancée !

Le but pour les deux hommes ?
Rejoindre la demoiselle avec une contrainte stricte : ils ne peuvent se déplacer que d’une feuille de papier à une autre...
Une idée originale que le réalisateur va exploiter de façon très intelligente pour un résultat bluffant mêlant à la fois animation 2D, stop motion et animation 3D.

 Blik

Ce film de huit minutes raconte l’histoire d’un petit garçon qui, alors qu’il emménage dans un nouveau quartier, va rencontrer sa voisine, plus âgée que lui...
Mais comme chacun le sait, l’amour n’a pas d’âge.
La force de ce court-métrage est de pouvoir raconter, en image de synthèse avec des personnages de type marionnette sans visage, une histoire qui s’avère finalement pleine d’émotions.

Ce court-métrage a été réalisé par Bastian Schravendeel, Jean-Paul Tossings, Sander Kamermans et Piebe van der Storm.

 The Butterfly Effect

Dans un tout autre genre, on trouve The Butterfly Effect réalisé par Dan Sumich pour Passion Pictures dans le cadre d’un partenariat avec le moteur graphique Unity et Nvidia. Ce film a la particularité d’avoir été réalisé en temps réel.

Il raconte l’histoire d’un homme qui, mal réveillé un matin, va provoquer toute une série de catastrophes plus improbables les unes que les autres.
Il s’agit ici en fait d’un jeu entièrement développé sous Unity dont les différentes séquences ont été capturées pendant qu’elles étaient calculées par un ordinateur : une façon pour le moteur graphique de démontrer sa capacité à afficher de nombreux éléments et des textures très différentes.

 Ruin

Réalisé par Wes Ball, Ruin raconte une histoire... Même si elle reste bien énigmatique aux yeux du spectateur.
Le court-métrage en 3D nous emmène dans un monde quelque peu futuriste, en ruines, où un personnage cherche à s’emparer d’informations apparemment essentielles à ses yeux. Il va alors être repéré par l’ennemi, déclenchant une course poursuite absolument dantesque et d’une immersion rarement vue jusque-là.

Diffusé en avril 2012, le court-métrage devait servir de base à un long-métrage produit par 20th Century Fox (et il est actuellement en production !).

 The Maker

Réalisé par Christopher Kezelos, The Maker est n’est ni un court métrage d’animation 2D, ni un film3D... Il s’agit en fait d’un court-métrage réalisé en stop motion.

Très proche de l’esprit de Tim Burton, The Maker raconte l’histoire d’une poupée qui va s’époumoner à fabriquer quelque chose pendant que le temps passe, inexorablement. A la fois troublante et touchante, la conclusion du film n’est que la cerise sur ce gâteau baroque.

 Shapeshifter

S’il ne s’agit pas à proprement parlé d’un court métrage en raison de l’absence de dimension « scénaristique » évidente, Shapeshifter n’en est pas moins impressionnant pour la qualité de son animation 3D.

Réalisé par le studio publicitaire Charlex, ShapeShifter a l’avantage de pouvoir coller avec n’importe quelle publicité de voiture. La puissance animale en plus, à mi-chemin entre Transformers et son spin-off Beast Wars.

 In Between

Mademoiselle a un crocodile.
Tel est le diagnostic impitoyable du psychiatre qu’elle consulte.
Malheureusement, ce crocodile bleu, aussi affectueux soit-il, l’empêche de vivre sa vie... Et elle doit s’en débarrasser.

Réalisé par Alice Bissonnet, Aloyse Desoubries Binet, Sandrine Han Jin Kuang, Juliette Laurent et Sophie Markatatos dans le cadre de leurs études dans la fameuse école des Gobelins, In Between s’avère particulièrement classique par son dessin 2D crayonné tout en restant très émouvant.

 The Chase

Quatre filles poursuivies par des troupeaux de véhicules de police...
Tel est le point de départ de The Chase. Malheureusement pour les forces de l’ordre, les demoiselles ne sont pas du genre à se laisser marcher sur les pieds et l’installation routière n’est clairement pas à leur avantage.

Réalisé par Philippe Gamer, un patronyme fort à propos, The Chase surprend par la qualité de ses animations 3D, l’immersion de la course-poursuite et la sensation de se retrouver dans un jeu vidéo. Méfiez-vous, ce n’est peut-être pas un hasard, et la chute de ce court-métrage risque fort de vous surprendre !

 Second Wind

Second Wind nous propose de voyager dans un monde fantastique et de rencontrer un papi et son chat.
Tandis que le vieil homme s’amuse à renvoyer un ballon de football à son animal de compagnie gigantesque, il va découvrir une caverne dans laquelle il va trouver un autre partenaire de jeu...

Second Wind, réalisé par Ian Worrel, est un conte sur l’amitié et sur les conséquences de nos actes. Particulièrement émouvant, le court-métrage a été réalisé à l’ancienne avec du papier et un crayon, dans un style bucolique qui n’est pas sans rappeler celui du studio Ghibli.

 Code Hunters

Quelque part entre les univers de Fallout et Borderlands, Code Hunters se situe dans un monde futuriste où un groupe de résistants se bat pour mettre la main sur l’objet de leur convoitise.

Si le scénario du court-métrage se veut plutôt maigre, il arbore un design audacieux de cel-shading et a été réalisé par Ben Hibon, qui, quelques années plus tard, réalisera le passage animé du conte des trois frères dans la première partie de Harry Potter et les Reliques de la Mort.

 Alma

Alors qu’elle se promène innocemment dans les ruelles de ce qui semble être Paris, la petite Alma découvre une étrange boutique de poupées. En vitrine, elle aperçoit une poupée qui lui ressemble étonnamment...

Si le court-métrage de Rodrigo Blaas peut sembler mignon au premier abord, il apprend surtout qu’il faut se méfier des apparences. Alma allie à merveille le mystérieux, le glauque et le fantastique, le tout à l’aide d’une animation léchée qui n’est pas sans rappeler la 3D de Pixar.

 Alarm

Il y a des matins où le réveil est bien plus difficile que d’autres...
Des matins où l’on profiterait bien de ces quelques dix minutes de sommeil supplémentaires, où l’on se dit que de toute façon on n’aura pas besoin de ce satané réveil.

Plus rarement, on pose des réveils partout dans l’appartement pour être certain de ne pas s’endormir avant de partir travailler.
Mais d’où viennent tous ces réveils ?
C’est la question que l’on se pose en regardant Alarm de Moo-hyun Jang et Jeong-woo Choo, un film à regarder surtout le soir pour éviter de repenser au réveil de ce matin.

 The Fantastic Flying Books of Mr. Morris Lessmore

Après avoir été victime d’un ouragan, Morris Lessmore se retrouve dans un monde ravagé, grisâtre et poussiéreux. Il va trouver refuge auprès de livres, bien vivants quant à eux !

Grâce à ce court-métrage, William Joyce et Brandon Oldenburg ont obtenu l’oscar du meilleur court-métrage d’animation en février 2012.
Une récompense bien méritée tant le film joue avec les émotions des spectateurs entre sourire, crainte et larmes, le tout en un quart d’heure.

 Look

Depuis les premières réalisations, Sledgehammer de Peter Gabriel ou Take On Me de A-Ha, aux dernières vidéos de Gorillaz, le clip d’animation apparu dans les années 80, a connu après un premier âge d’or, une petite baisse de régime avant de revenir au devant de la scène. Un regain d’intérêt que l’on doit en partie à une série d’artistes et de clippeurs (Michel Gondry, le collectif H5 ou Shynola).
Le clip d’animation est idéal pour des artistes comme Daft Punk souhaitant préserver leur anonymat, pour d’autres qui souhaitent donner corps à des membres virtuels (Gorillaz) ou pour ceux, qui comme Radiohead ou Björk envisagent le clip moins comme un outil de promotion que comme une partie intégrante de leur œuvre.

Et pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu, voici le dernier clip en animation de Sébastien Tellier pour le titre « Look ». Un mélange onirique, sensuel, tout en fondus...

P.-S.

D’après une idée de Geoffroy Husson.