Encyclopédie Atypique Incomplète
Incomplète, car toujours en construction au gré des jours, avec sérieux, curiosité et humour.
Atypique, car toujours dans l'esprit de la connaissance par l'observation et la pratique.
Incomplète, car toujours en construction au gré des jours, avec sérieux, curiosité et humour.
Atypique, car toujours dans l'esprit de la connaissance par l'observation et la pratique.
vendredi 12 décembre 2008
On ne se contredit jamais, on n’élève pas la voix et on discute toujours calmement. Bref, dans notre couple, point de disputes !
On est l’exemple parfait du couple idéal. Mais est-ce bien le cas ?
- Chérie, je ne pourrai pas aller chercher la petite chez ta mère.
- Euh... On avait convenu que c’est toi qui irais.
- Oui, mais je ne peux plus, mon chef m’a demandé de régler quelque chose.
- Encore ! Chaque fois qu’on fait des projets, c’est comme si tu t’amusais à les défaire !
- Ce n’est pas de ma faute, ça arrive des imprévus !
- C’est drôle, c’est surtout à toi que ça arrive, les imprévus !
L’échange s’est poursuivi jusqu’à ce que Nathalie, 37 ans, finisse par raccrocher brusquement, empoigner les clefs de la voiture et se rendre chez sa mère, en maugréant contre son homme « qui s’arrange toujours pour contrecarrer ses plans ».
Un exemple typique d’une dispute entre les deux conjoints qui, le plus souvent, se termine par les excuses de l’un ou de l’autre ou par un statut quo. « Nos amis se demandent parfois comment il est possible que nous soyons toujours ensemble après sept années, dit Nathalie. Ils trouvent qu’on se dispute trop souvent ! ».
Une opinion avec laquelle la principale intéressée est en désaccord.
Selon elle, la majorité des gens sont si frileux à l’idée de se disputer qu’ils préfèrent éviter toute confrontation. « Au moins, dans notre couple, quand quelque chose ne va pas, on le sait tout de suite ! » argue-t-elle.
Les disputes : un mal nécessaire ?
Il faut bien l’admettre, les sujets de discorde en terrain amoureux sont légion. Est-il imaginable qu’un couple puisse toujours éviter de se disputer ? Est-ce même souhaitable ?
Réponse : absolument pas !
De toute façon, les couples qui prétendent à l’harmonie parfaite risquent de ne pas convaincre les spécialistes.
Audrey Brassard, elle, n’y croit pas. Professeure de psychologie à l’Université de Sherbrooke (Québec, Canada), elle soutient qu’il est impossible de toujours vouloir la même chose en même temps dans un couple.
À elle seule, cette assertion laisse présager la possibilité de conflits et, donc, de disputes.
« Se disputer ne signifie pas nécessairement hurler et se crier dessus, fait-elle observer. On ne se dispute pas tous de la même façon et on n’exprime pas notre colère de la même manière non plus. ».
Certaines personnes, plus susceptibles, s’emporteront instantanément à la moindre contrariété ; d’autres, plus posées, réagiront plus calmement. Nathalie, elle, se compare à une allumette : « Je m’allume vite, mais je m’éteins tout aussi rapidement ! ».
Peu importe notre façon de nous disputer, l’essentiel est de ne pas fuir les conflits.
Étonnamment, ceux-ci peuvent avoir un effet bénéfique sur le couple : ils permettent notamment d’évacuer la colère, de mettre les points sur les “i” avec notre partenaire et d’exprimer notre individualité.
De même, nommer nos insatisfactions et nous donner le droit d’être en colère témoigne du respect qu’on a pour nous-même.
« C’est une façon de prendre sa place, dit Serge Vidal, psychothérapeute et coauteur du livre “Comment bien se disputer en couple”. Mais pour ça, il faut être convaincu qu’on y a droit, à cette place. »
C’est ce que vient de réaliser Hélène, 46 ans. En dix années de mariage, elle a plus souvent qu’à son tour passé outre les irritations quotidiennes : son conjoint qui oublie de passer prendre des courses, qui rentre tard sans avertir, qui invite des collègues à dîner à la dernière minute...
« Je ne disais rien parce que je trouvais ridicule que ces petites choses m’affectent autant », explique-t-elle.
Dès le début de leur relation, son mari a signifié qu’il détestait les disputes - il y a toujours moyen de discuter, selon lui. Déjà peu sûre d’elle-même, Hélène a donc fini par faire taire la colère qui germait parfois en elle. « Bien sûr, on n’a pas toujours pu éviter de se disputer, admet Hélène. Mais chaque fois, c’est comme si le monde s’écroulait ! Mon conjoint me boudait des jours durant, et je pleurais tout aussi longtemps. ».
Pas étonnant qu’elle ait voulu préserver la paix à tout prix !
Exprimer la colère
Cette paix factice peut toutefois coûter très cher.
« Une personne qui n’exprime pas sa colère sera beaucoup plus stressée, explique Ernest Harburg, professeur à l’école de santé publique et de psychologie de l’Université du Michigan. Ce qui entraîne son lot d’effets néfastes sur la santé physique et psychologique. ».
À force de se taire, on risque de développer du ressentiment à l’égard de notre conjoint, en plus de miner sérieusement notre relation.
Au fil du temps, Hélène a senti une distance se créer entre son mari et elle, sans compter la rancœur qu’elle s’est mise à éprouver.
« À force de discuter avec mes proches, j’ai compris que je lui en voulais parce qu’il ne me permettait pas de m’exprimer totalement. »
Aujourd’hui plus affirmée, Hélène s’efforce de ne jamais ravaler sa colère devant son conjoint.
« Ce changement ne lui plaît pas toujours, mais moi, je me sens mieux, dit-elle. J’ai compris que, quand je suis fâchée contre lui, cela ne signifie pas que je ne l’aime plus. J’essaie aussi de le convaincre qu’une dispute n’est pas nécessairement mauvaise pour notre couple, qu’il devrait s’exprimer davantage.
Peut-être y arrivera-t-il en suivant mon exemple. »
Et vous ?
Avez-vous trouvé votre propre “mode d’emploi” de la dispute ?
Inspiré par un article d’Isabelle Bergeron dans un magazine Canadien.